En 1974, Caractères publiait une belle anthologie de la poésie grecque devenue un classique. Chant de la Grèce donnait déjà à découvrir Séferis, Pappas, Ritsos, Elytis, Vrettakos, Sinopoulos, Dimakis… et d’autres voix devenues majeures dans la poésie grecque.
En 1979, lorsque Elytis reçut son prix Nobel, Caractères avait déjà publié son « Ode à Marie ».
Cette anthologie, première en son genre en français, donne un large aperçu d’une grande voix poétique du 20e siècle par un choix représentatif et équilibré de chacun de ses livres, de ses tout premiers poèmes jusqu’à sa mort. Sa poésie chante l’amour, la mer, et reconstitue le monde égéen par les sens, les sensations, et les métaphores surréalistes.
Élytis décrit la Grèce, sans clichés descriptifs ou pittoresques. Grandement influencé par des artistes comme Éluard, Picasso et Matisse, puis plus tard René Char et Albert Camus, il crée par son oeuvre un véritable monument de la langue Grecque, obtient le Prix Nobel de littérature en 1979 et continue de publier dans les années qui suivent.
Élytis nous donne à voir le visage de la Grèce à travers sa langue, sa nature, ses épreuves, son histoire passée et plus récente. On retrouve dans son oeuvre l’importance des sens et du sacré, du rôle de la poésie ; de la métaphysique, le tout imprégné d’analogies, d’une architecture poétique réfléchie, d’une saisie de l’instantané. Une belle limpidité poétique.
À tous les vents de la parole se compose de 19 parties, dans lesquelles l’auteur joue entre prose et vers libres. La poésie de Jean-Roger Geyer suit les mouvements d’un fleuve. Ce lien avec la nature offre sérénité et réconfort à la lecture. Dans le calme poétique, le lecteur s’installe non plus pour écouter, mais pour entendre les accords joués par la nature. Tout au long du recueil, le poète est comme hors de lui-même, comme dans une sorte d’extase : le « je » poétique se laisse submerger par les paysages qu’il peint. Il se retrouve seul face à la nature et cet état de solitude le guide sur le chemin de la connaissance de soi et de la paix intérieure. Face à l’immensité de la nature, le « moi » est « sans rivage » : l’individualité de l’auteur devient une étendue ; la nature et le sujet ne font qu’un. Lier l’homme à la nature marque son instabilité dans son propre monde, confirmée dans À tous les vents de la parole par la fluidité de la mémoire : elle glisse, s’échappe, mais se retrouve dans l’écriture. La mémoire devient indélébile par la mise en mouvement de la main sur le papier : les ombres qui caressent la mémoire ressurgissent et s’immobilisent sur la feuille. Et ces réflexions peuvent s’étendre à tous les hommes : quelle place occupons-nous au sein de notre propre monde ? Le chant de la nature s’effectue en silence : le « je » est plongé dans l’« éternité », où les frontières du temps et de l’espace s’effacent. Seule reste la nature et l’homme.
Neuf auteurs du XX et du XXIème siècles nous offrent à découvrir dans une écriture aux intonations variées, une société rurale soumise parfois à la famine et aux séquelles de la guerre. Entre querelles d’enfants et intimité avec la nature, il se dégage de cette rudesse une grande humanité et poésie.
ISBN : 978-2-5446-681-2
FORMAT : 12 x 21 cm
PRIX : 23 €