Exposition

54 véritables cartes postales adressées à Georges Perec

Cartes postales par Françoise Guichard


Il est des œuvres qui ont la puissante faculté de susciter d’autres œuvres. Cette caractéristique, que l’on pourrait qualifier de générante, est peut-être le vrai sens de la notion de potentialité telle que l’Ouvroir de littérature potentielle la conçoit, la mesure même à laquelle on évalue oulipiennement une production littéraire – qu’il s’agisse d’un texte ou bien d’une contrainte. Un tel qualificatif peut certainement être accolé aux œuvres que Georges Perec nous a laissées ; la grande quantité d’écrivains et d’artistes se revendiquant de cet auteur aujourd’hui, en France comme à l’étranger, suffit d’ailleurs à le prouver.

Deux cent quarante-trois cartes postales en couleurs véritables n’échappe pas à cette règle, et les collages de Françoise Guichard en sont un excellent exemple. A la lecture de ce texte, on est saisi d’une irrépressible envie de jouer, nous aussi, au « jeu des cartes postales » comme à un jeu des sept familles. Mais comment y joue-t-on exactement ? L’œuvre est si riche qu’elle autorise plusieurs manières. À l’occasion de ce catalogue, il semble ainsi intéressant de mettre en perspective la traduction artistique faite par Françoise Guichard avec une autre interprétation, critique celle-là, réalisée par un autre grand interprète de Perec, celui qui fut son lecteur idéal, le plus joueur et le plus persévérant de tous : Bernard Magné.

Camille Bloomfield
Enseignante-chercheuse (Université Paris 13),

autrice de Raconter l’Oulipo (1960-2000) :

histoire et sociologie d’un groupe,

HonorО Champion Оditeur, 2017.